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Les banques naviguent dans des eaux plus calmes

Le mois dernier, une grave crise de confiance a ébranlé le secteur bancaire. Quelques banques américaines ont fait faillite et, en Europe, Credit Suisse, la banque helvétique en difficulté, a été racheté par son rival suisse UBS. Matti souhaite revenir sur ces événements.

25 Apr 2023

Silvergate, Signature Bank & Silicon Valley Bank

Ces trois banques américaines relativement modestes (Silvergate était 128e dans le classement des plus grandes banques américaines, Signature Bank était 29e et Silicon Valley Bank était 16e) se sont retrouvées dans l'œil du cyclone. Silvergate, qui était une banque de cryptomonnaies, a été la première à jeter l'éponge en raison de la crise des cryptomonnaies. Le monde financier est alors entré dans une zone de turbulences.

Lorsqu'il est apparu, un peu plus tard, que Silicon Valley Bank (SVB) pourrait avoir des problèmes de capital et de liquidité, la machine s’est emballée. SVB était une banque de niche ayant pour clients principaux, des entreprises de la Silicon Valley. Ces entreprises déposaient leur argent auprès de SVB, qui consacrait une partie de cet argent à l’émission d’emprunts, le reste étant investi dans des obligations d'État à long terme.

Lorsque la Banque centrale américaine a relevé les taux d'intérêt pour freiner l'inflation, les clients de SVB ont retiré leur argent pour l'investir ailleurs dans des alternatives plus rentables. SVB a alors dû céder les obligations d'État à long terme. Cette vente s'est soldée par de lourdes pertes, les taux d'intérêt actuels étant plus élevés que ceux de ces obligations d'État. Les acheteurs ont donc demandé une remise importante sur la valeur réelle. SVB est intervenue en annonçant, entre autres, une augmentation de capital, mais celle-ci a échoué, les investisseurs lui ayant retiré leur confiance.

Signature Bank avait aussi une clientèle essentiellement composée d'entreprises. Après la chute de SVB, les clients de Signature Bank ont commencé à retirer massivement leur argent. La banque a fait faillite, victime d'une ruée bancaire: un trop grand nombre de clients voulant récupérer leur argent en même temps, elle s’est vue confrontée à des problèmes de liquidité.  

Europe, Credit Suisse & UBS

Le régulateur américain est intervenu rapidement et l'agitation a semblé retomber. Mais quelques jours plus tard, les investisseurs se sont également penchés sur les banques européennes, ce qui a entraîné une chute brutale des cours. Credit Suisse (CS) a été particulièrement malmené.

Credit Suisse était un géant bancaire international, beaucoup plus grand et de plus grande importance systémique que, par exemple, SVB. Lors de la crise financière de 2008, CS avait refusé l'aide de l'État suisse. La banque avait semblé résister dans un premier temps, mais au fil des ans, elle s’est retrouvée mêlée à un nombre incalculable de scandales, avec des amendes régulières à la clé. Alors que la banque de détail était financièrement très saine, la banque d'affaires a été rattrapée par une gestion déplorable, des scandales et une mauvaise gestion des risques, ce qui l'a obligée à se restructurer.

Lorsqu’il a été annoncé que CS devait retarder la publication de son rapport annuel et que son principal actionnaire ne serait plus en mesure de fournir des capitaux supplémentaires en cas de besoin, le monde bancaire a vacillé.

Credit Suisse, soutenu par  un prêt de 49 milliards d'euros débloqué par la Banque nationale suisse, a encore tenté de restaurer la confiance. La Suisse a souligné que la banque n'avait aucun problème de capital, qu'elle satisfaisait à toutes les exigences de liquidité et de ratio d'endettement et qu'elle rachèterait même une partie de sa dette (3 milliards d'euros). Le principal actionnaire a également réitéré sa confiance. Mais le mal était fait.

En concertation avec le régulateur suisse, UBS, cette autre grande banque helvétique, a conclu un accord pour acquérir Credit Suisse pour un montant légèrement supérieur à 3 milliards d'euros.

Cette intervention a ramené le calme. Pour l'heure, les investisseurs se concentrent à nouveau sur le combat des banques centrales contre l'inflation.